Merci la pluie...
Fin avril, chaque jour le soleil monte un peu plus et déjà la
sécheresse, le Lez fait grise mine, on parle déjà de restrictions
d'eau..... Puis le temps se couvre de nouveau, les nuages sont bien
là, timides, qui retiennent des milliers de tonnes d'eau, mais
toujours pas de pluie ou si peu que cela n'enlève même pas la
poussière...c'est désespérant ! Sauf pour ceux qui (citadins pour la
plupart) oublient que sans eau il n'y a plus de vie, ceux pour qui
la première averse est un temps exécrable.
Mais je sais que la pluie viendra, tant mieux ! Un jour 4 ou 5mm,
deux jours après 10 mm... « la pompe est longue à s'amorcer ». Oui,
elle arrive cette pluie salvatrice, des heures et des heures, pas
trop forte, la terre boit et fait des réserves, les ruisseaux se
remettent à couler, gonflent, la nature est en extase....magnifique.
Cela me rappelle quelques souvenirs :
On rentrait la première récolte de sainfoin, à la nuit tombée, après
que la presse fut passée, plus de 200 bottes, chargées à la main en
bout de fourche, 15 à 20 kg chacune, pendant que mon père les
rangeait sur la remorque. L'orage menaçait, cette pluie tant
attendue nous laissera-t-elle finir ?
Je repérais les ballots à la lueur des éclairs et des phares du
tracteur, pas le temps de souffler, à l'époque ce n'est pas
l'arthrose ou les tendinites qui me gênaient ! Ça y est, j'envoie la
dernière botte et les cordes à mon père qui lui servent à
redescendre à terre, on « bille » le voyage, le tonnerre gronde et
se rapproche, quelques gouttes se mêlent à ma sueur...encore 5mn
pour arriver à la maison. Mon père me guide pour reculer dans le
hangar, j'arrête le tracteur....2 secondes de silence et déjà la
pluie crépite sur les tôles, la poussière vole sous les premières
gouttes...un bruit assourdissant, mais le sainfoin est à l'abri,
bien sec et je sais que demain sera un jour avec plus de repos.
Comment ne pas aimer la pluie après des moments pareils, même si
elle sait aussi se faire détester !?
P.Gourjon |